Chapitre 1 - Une silouhete dans la pénombre
Prologue
Démon, voilà un terme non moins entouré de mythes et de légendes, inspirant peur, cauchemars et angoisse. Un être combien maléfique, à la fois ennemi de l'homme et même de Dieu. Alors, lorsque l'on évoque son roi, quelque chose semble s'éveiller en nous. Un frisson ? Une peur ? Une douleur ? Rien n'est suffisant pour décrire ces ténèbres qui s'amoncellent, un effroi accablant et glacial qui étreint notre cœur et aspire notre vie. Voici le roi démon présent devant nous, plus tangible qu'une pierre et pas moins irréel qu'un songe, nous épiant du regard depuis la noirceur de son trône. Et d'un sourire malicieux, il nous glisse ces paroles : « Humain, toi qui m'as appelé, qu'es-tu prêt à sacrifier pour prendre ma place ?
6 h 27— 13 décembre 2122 :
Un jeune garçon se réveille, tout en sueur, les larmes aux yeux, il ne comprend pas ce qui lui arrive, ni où est-ce qu'il est et dans quel but est-il ici. C'est tout désorienté qu'il se lève, cherchant frénétiquement du regard, dans la nuit noire, quelques repères qui pourraient l'éclairer, mais c'est un son qui va contre toute attente jouer ce rôle, ou plutôt une voix :
— Huumm Kazuto ? Qu'est-ce que tu fais ? Le réveil est dans encore une demi-heure. Profite de ton sommeil tant qu'il est encore temps...
Et c'est ainsi que la voix de l'ami de Kazuto se tue, aussi brusquement qu'elle fut entendue, retournant en un sommeil si doux et si profond. D'un air soulagé, notre protagoniste s'assied sur son lit, il se souvient de qui il était et de pourquoi il était ici. Kazuto Shinichi 17 ans, aspirant élève pilote à l'ARM pour académie de la marine royale militaire. En première année de la spécialité pilote de l'aéronavale de combat, Kazuto avait réussi, malgré ses origines roturières, à intégrer l'une des plus grandes et prestigieuses écoles du Royaume de Pyxis. Malgré ses allures d'école militaire, en réalité l'ARM forme aussi bien les élites militaires que civile : en sciences, en littérature, politiques, économie... Un gigantesque campus s'étalant sur trois stations orbitales de classe Gargantua orbitant autour du point de Lagrange L4 du système Jupiter-Soleil. Kazuto se trouve actuellement sur A.R.M 3 la troisième station qui concentre le campus à domaine militaire et celui à domaine scientifique.
Ses esprits retrouver, notre protagoniste se relève de nouveau enfilant son uniforme militaire et enfourchant son calot sur sa tête, il s'en alla prendre l'air en une balade matinale dans le but de se changer les idées, après tout le rassemblement n'était prévu que pour 7 h 40. Sur le chemin, alors que les miroirs réfléchissant la lumière du soleil commencé à se lever, Kazuto s'efforce d'oublier ses images qui ont troublé son sommeil. D'où venait-elle ? Et pourquoi n'arrivait-il pas à s'en débarrasser ? Les flashs de ce regard malicieux qui le guette depuis l'obscurité le terrifient encore. À qui appartenait-il ? Et pourquoi lui semblait-il si familier ? Depuis que notre héros s'était levé, il ne pouvait s'empêcher de se poser en boucle ces questions. Soudain une main lui agrippe l'épaule, Kazuto manque de peu la crise cardiaque lorsqu'en se retournant, il reconnaît là un visage bien familier. En baissant la tête, il vit une fille de son âge avec des cheveux noirs et un carré plongeant, elle faisait deux têtes de moins que lui et affichait un regard agacé.
— Ça fait cinq minutes que je t'appelle, tu sais Kazuto ! s'exclama la jeune fille.
— Oh, excuse-moi Camille, j'étais perdu dans mes pensées. Mais que fais-tu debout de si bonne heure ?
La jeune fille prit un air encore plus agacé :
— Au cas où, si tu l'avais oublié, je suis de corvée de Drapeau, je dois monter les couleurs toute la semaine à 6 h 30, d'ailleurs, je ne suis pas censé être seul, Christian est aussi de corvée, mais je ne l'ai pas vu du réveil. Toi qui partages sa chambre, tu sais s'il dort encore ?
Kazuto resta muet.
— Arg ce Christian, on ne peut jamais lui faire confiance, je vais devoir me taper les corvées toutes seules toute la semaine dans ce train. Mais bon, passons, et toi, que fais-tu debout de si bonne heure, tu n'es pas de corvée à ce que je sache ?
Kazuto réfléchit un moment puis répond :
— Je suis venu admirer le lever du soleil.
Camille afficha un air perplexe :
— Je ne sais pas quel est l'intérêt d'admirer la rotation de quelques bouts de métal réfléchissant, mais bon, si c'est ta passion... Kazuto se retourne et continue son chemin, laissant Camille derrière lui, mais cette dernière ne se laisse pas mettre de côté si facilement et le suit.
— Pourquoi me suis tu ? interrogea Kazuto.
—Tu vas au petit déjeuner avant le rassemblement ? Ça tombe bien parce que moi aussi, rétorqua fièrement Camille.
Kazuto voulu protester et commença à chercher des arguments, mais cette recherche fut interrompue brusquement par la vision déroutante que se présenta à lui : Une cinquantaine de mètres en contrebas du chemin sur lequel se situent nos amis, un balai impressionnant de camion se déroulait sur une route menant à l'entrée d'un bunker sous le campus des sciences, d'étranges soldats en uniforme pourpre se tenaient de chaque côté de la route du convoie pour l'escorter, c'était l'uniforme des Sirius, un corps d'armée à part entière formé uniquement de troupes d'élite, ils sont spécialisés dans le renseignement et les opérations éclairs. La plupart des conflits modernes étant de petite échelle et ne nécessitant pas un déploiement de troupes et de logistique important, ils sont donc en général confiés aux Sirius. Autrement dit, il est très étrange de trouver ce corps d'élite à l'arrière, loin du front et surtout à l'ERM une école dépendante de la marine et non pas des Sirius.
— Cela fait trois jours que cela dure. C'est sur ces mots que Camille brisa le silence.
— Je n'ai aucune idée de ce que les Sirius font ici, mais ça fait trois jours que tous les matins, entre 5 h et 7 h, ils escortent ces camions entre la rade et le campus des sciences. Certains jours, j'ai même aperçu des cadres de l'école discutant avec des gradés Sirius qui escortaient le convoi, ça montre bien que la direction trame quelque chose.
À la suite des mots de Camille, Kazuto détourna le regard et continua son chemin avant d'ajouter :
— Si tu veux mon avis, il vaut mieux ne pas se mêler des affaires qui ne nous regardent pas.
— Ça ne t'intrigue pas ce qu'ils trament ? interrogea Camille.
— Si ça m'intrigue et c'est pour ça que je veux en rester loin.
Camille hocha la tête sur le côté, comme déçu par la réponse de Kazuto, puis soudain une voix s'éleva derrière elle :
— Voilà des paroles bien sages mon garçon, mais penses-tu pouvoir rester à l'écart de la vérité encore longtemps ? Kazuto surpris se retourna précipitamment et prit Camille dans ses bras comme pour l'éloigner de l'homme qui est apparu de nulle part dernier lui.
— Vous n'avez pas besoin d'être autant sur vos gardes, je ne vous veux rien de mal, affirma l'homme
—Qui êtes-vous ? Comment entrez-vous dans le campus ? s'écria Kazuto en serrant un peu plus fort Camille dans ses bras.
—Que de questions avez-vous sur mon jeune homme, mais des réponses, voilà ce qui vous fait défaut.
— Répondez-moi ! s'impatienta Kazuto.
— À qui appartient ce regard malicieux dans les ténèbres ? Pourquoi ne puis-je m'enlever ces paroles de la tête ? Que veut-il dire par « prendre ma pl.. »
— Assez ! s'insurge Kazuto. Que voulez-vous à la fin ? L'homme à l'allure débraillée, sous l'apparence des traits d'un vieil homme, lui répondit :
— La question n'est pas ce que je veux, mais plutôt que veux-tu ? Si on venait à t'offrir le pouvoir de changer les choses et de mettre en mouvement les destinées, l'accepterais-tu quitte à vendre ton âme au diable ou le refuserais-tu quitte à en accepter les conséquences ? Kazuto répondit immédiatement :
— Même si un tel pouvoir venait à exister, je n'ai aucune raison de me l'accaparer et surtout s'il provient d'un vieillard aussi suspect que vous. Le vieillard sourit et enchaîna : — Cette décision, mon enfant, tu finiras par la regretter un jour et plus vite que tu ne le crois. Et c'est sur ces mots qu'en l'espace d'un battement de paupières, l'homme disparut de manière aussi étrange qu'il est apparu.
— Il est parti ? interrogea Camille d'une voix étouffée. C'est alors que Kazuto réalise qu'il continue à étreindre Camille et d'un geste brusque il la repoussa à quelques mètres de lui.
— Oui, il est parti. Lui répondit Kazuto.
— Je ne te savais pas aussi protecteur, affirma Camille d'une voix enjouée tout en enroulant ses cheveux autour de son doigt, mais ce n'est pas pour me déplaire.
— Arrête de raconter des bêtises et dépêche-toi, on va rater le petit déjeuner, grogna Kazuto. Nos deux compagnons déboussolés par leurs rencontres reprit ainsi donc leurs routes, un silence pesant se faisait ressentir. Aucun des deux n'osait parler de ce qui venait de leur arriver. Mais le plus déboussolé des deux, c'était bien Kazuto. Comment expliquer qu'un total inconnu connaisse le contenu du rêve qui le hante depuis ces trois derniers jours ? Et que cherchait-il à lui dire au détour de ce charabia énigmatique ? C'est avec ces nouvelles interrogations plein la tête que Kazuto arrive accompagné de Camille au Messe.